Frelon asiatique : une nouvelle alerte aux États-Unis qui rappelle une invasion déjà incontrôlable en Europe

Vers une expansion mondiale ? ALLO FRELONS mène l’enquête.

Le frelon à pattes jaunes (Vespa velutina), celui qu’on appelle frelon asiatique, redoutable prédateur des abeilles, continue son expansion hors de son aire d’origine. Le 8 décembre 2025, les autorités agricoles de Caroline du Sud ont confirmé la découverte d’un nid dans le comté de York, au nord de l’État. Il s’agit de la première détection de cette espèce invasive en Caroline du Sud en dehors de la zone côtière du Lowcountry, jusque-là considérée comme le principal foyer.

Cette découverte n’est pas le fruit du hasard. Elle fait suite au signalement d’un apiculteur local, qui observait un comportement inhabituellement agressif autour de ses ruches : le « hawking », une technique de chasse caractéristique du frelon à pattes jaunes. Les insectes stationnent en vol devant les ruches pour capturer les abeilles en plein air, provoquant un stress intense et des pertes rapides au sein des colonies.

Une détection rapide grâce à la vigilance des apiculteurs

Alertés par l’apiculteur, les inspecteurs du Department of Plant Industry (DPI) de l’Université de Clemson ont mis en place des pièges et un système de traçage permettant de remonter jusqu’au nid, qui doit être détruit dans les jours suivant sa localisation.

Selon Brad Cavin, coordinateur du programme de réponse au frelon à pattes jaunes à Clemson, la déclaration citoyenne reste l’outil de détection le plus efficace :

« Sans ce signalement rapide, le nid aurait pu passer inaperçu et produire des centaines de reines. La surveillance du public est essentielle. »

Les autorités demandent désormais aux habitants du comté de York de rester attentifs et de signaler toute activité suspecte, en acceptant également l’accès à leurs propriétés pour permettre les inspections.

Une espèce invasive qui voyage… avec l’aide de l’homme

L’origine exacte de ces frelons en Caroline du Sud reste incertaine. Pour Steven Long, directeur adjoint du DPI, cette découverte illustre un phénomène bien connu des biologistes :

« Les espèces invasives sont d’excellentes voyageuses. Elles se déplacent souvent sur de longues distances avec l’aide involontaire des activités humaines. »

Transport de marchandises, palettes, véhicules, matériaux de construction ou végétaux : les voies de dissémination sont multiples, rendant le contrôle extrêmement complexe.

Face à ce risque, la Caroline du Nord voisine a déjà renforcé sa surveillance, combinant programmes institutionnels et science participative, afin de détecter rapidement toute nouvelle implantation.

Une menace majeure pour l’apiculture

Contrairement à certaines idées reçues, le frelon à pattes jaunes ne représente pas un danger supérieur pour l’homme par rapport aux autres frelons. En revanche, son impact sur les abeilles et la biodiversité est considérable.

En Europe, où l’espèce est présente depuis plus de 22 ans, les conséquences sont désormais bien documentées. Introduit accidentellement en France durant l’hiver 2003-2004, le frelon à pattes jaunes s’est propagé de manière incontrôlée sur une grande partie du continent. Malgré les pièges, les destructions de nids et les campagnes de sensibilisation, aucun pays européen n’a réussi à endiguer durablement son expansion.

Les pertes de colonies d’abeilles y sont importantes, un phénomène d’autant plus critique que l’apiculture est déjà fragilisée par les pesticides, les maladies et le changement climatique.

Aux États-Unis, l’inquiétude est vive : le taux de perte des colonies a dépassé 60 % sur l’année écoulée, rendant l’arrivée d’un nouveau prédateur particulièrement alarmante.

Il est quand même utile de préciser que les 60% de mortalité ne concernent pas le frelon asiatique, car il vient à peine d’arriver aux Etats-Unis. Les causes sont toutes autres, mais principalement liées à deux facteurs liés aux activités humaines:

• l’usage des pesticides, près ou loin des ruches. La contamination sur l’abeille est aujourd’hui démontrée et avérée
• Le réchauffement climatique, même si bon nombre d’Américains nient encore qu’il est lié à l’homme.

Une expansion mondiale préoccupante

Le cas américain n’est pas isolé. Récemment, le frelon asiatique a également été détecté à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Les autorités y ont déployé des moyens importants : surveillance renforcée, destruction systématique des nids, contrôle des zones portuaires et logistiques. Pour l’instant, ces mesures peinent à contenir l’invasion, illustrant une fois de plus la difficulté à stopper cette espèce une fois installée.

Ce scénario rappelle celui vécu en Europe, où les premières détections étaient ponctuelles… avant de devenir généralisées.

Reconnaître et signaler le frelon à pattes jaunes

Originaire d’Asie du Sud-Est, le frelon à pattes jaunes construit des nids en papier de forme ovoïde, souvent en hauteur dans les arbres, mais aussi sur des structures humaines (habitations, hangars, pylônes). Un nid mature peut contenir plusieurs milliers d’individus.

Il peut être confondu avec d’autres insectes (frelon européen, guêpes, scolie, cicada killer), mais il se distingue par :

• une taille relativement grande,
• un abdomen sombre avec une fine bande orangée,
• et surtout des pattes nettement jaunes, très caractéristiques.

Les autorités recommandent de ne jamais tenter de détruire un nid soi-même. Toute observation de frelons pratiquant le « hawking » ou la découverte d’un nid doit être signalée via les outils officiels, photos à l’appui.

Une vigilance indispensable

Pour Benjamin Powell, coordinateur du programme apiculture et pollinisateurs de Clemson, la mobilisation collective est cruciale :

« Un nid qui attaque des ruches peut se trouver sur la propriété d’un voisin. Ces frelons ne connaissent pas les limites de terrain. »

L’exemple européen montre que la détection précoce est la seule chance de ralentir l’invasion. L’alerte lancée en Caroline du Sud doit donc être prise très au sérieux, bien au-delà des frontières locales.

👉 Chez ALLO FRELONS, nous suivons de près l’évolution internationale de cette espèce invasive. L’expérience européenne nous rappelle une réalité essentielle : plus l’intervention est tardive, plus les dégâts sont durables. La vigilance, l’information et la réaction rapide restent aujourd’hui les seules armes réellement efficaces.

Dernière modification le décembre 13, 2025 par Castagné Guillaume