Osmie cornue: abeille orange et noire

Définition: L’osmie cornue (Osmia cornuta) est une espèce d’abeille solitaire, reconnaissable à ses deux petites cornes sur le front chez la femelle et à sa face blanche chez le mâle, qui joue un rôle crucial dans la pollinisation, notamment des arbres fruitiers.

Analysons ensemble les caractéristiques uniques de cette abeille sauvage et son importance pour la biodiversité.

Comment reconnaître l’osmie cornue ?

Description: L’osmie, dont le nom scientifique est Osmia cornuta, se distingue des abeilles jaunes et noires plus communes par son apparence et sa couleur particulière. Son corps velu, son abdomen roux vif et sa pilosité foncée. Sa taille varie entre 10 et 15 mm de long. La femelle possède une caractéristique unique : deux petites cornes sur la tête, situées entre les antennes et les mandibules.

Contrairement à l’Apis mellifica que nous connaissons tous, l’osmie est solitaire. Elle ne vit pas en colonie comme ses cousines domestiques. Cette particularité influence grandement son comportement et son mode de vie. Nous avons remarqué que ces abeilles sont particulièrement actives dès la fin de l’hiver, apparaissant souvent fin février ou début mars selon les régions.

Voici un tableau comparatif entre l’osmie et l’abeille domestique :

Cycle de vie et comportement de l’abeille maçonne

Le cycle de vie de l’osmie est original et bien différent de celui des abeilles domestiques. Chez ALLO FRELONS, nous sommes passionnés par la biologie des insectes, y compris ceux des abeilles solitaires comme l’osmie. Nous pouvons rester de longs moments à observer ces insectes volants avec leurs longues antennes.

Quand observe-t-on l’osmie cornue ?

Leur cycle comprend une longue période de nymphose d’environ 10 mois, ce qui explique leur apparition tôt au printemps. L’observation de des insectes est toujours un spectacle intéressant.

1. Émergence des mâles: Les mâles sortent en premier à partir de mi-mars, après avoir passé l’hiver dans leur cocon.
2. Sortie des femelles et accouplement : Les femelles émergent quelques jours après les mâles, un peu avant début avril. L’accouplement a lieu rapidement après leur sortie.
3. Construction du nid par la femelle : Dès avril et jusqu’à mai-juin, les femelles cherchent des petits trous ronds (comme des tiges creuses) pour construire leur nid. Elles nettoient l’endroit qu’elle a choisi avant d’y aménager des loges séparées par des cloisons en argile.
4. Ponte des œufs et réserve de nourriture: Entre avril et juin, chaque loge reçoit un œuf accompagné d’une boule de pollen et de nectar (pain d’abeille), qui servira de nourriture à la larve. L’œuf est pondu, c’est la nouvelle génération qui se prépare.
5. Développement des larves et nymphose : Les œufs éclosent en mai-juin. Les larves consomment leur réserve pendant environ 15 à 20 jours avant de se nymphoser dans un cocon qu’elles filent elles-mêmes. La nymphose se termine en été, mais les adultes restent dans le cocon jusqu’au printemps suivant.
6. Hibernation: À partir de l’automne, les osmies adultes entrent en diapause (hibernation) dans leur cocon jusqu’à l’année suivante (printemps).

Quelques points importants:

• Le début de l’activité des osmies cornues est principalement déclenché par la hausse des températures, avec un seuil minimal d’environ 12 °C pour leur émergence. Les températures douces, combinées à une luminosité suffisante, marquent leur sortie de diapause et le début de leur activité
• Les mâles meurent peu après l’accouplement, tandis que les femelles continuent leur travail jusqu’à la fin de la saison.
• Les osmies cornues jouent un rôle essentiel dans la pollinisation des fleurs précoces comme celles des pommiers ou pruniers.

La nymphose est la transformation d’une larve en nymphe, une étape intermédiaire immobile et non nourrissante dans le cycle de vie des insectes avant qu’ils ne deviennent adultes

Comment l’osmie cornue construit-elle son nid ?

Un aspect intéressant de leur comportement est la construction du nid. La femelle osmie utilise de la terre pour créer des loges dans ses lieux de ponte, d’où son surnom d’abeille maçonne.

La femelle construit son nid dans des trous naturels ou artificiels, comme des tiges creuses, des galeries préexistantes ou des trous dans du bois. Voici les étapes détaillées de sa construction :

1. Recherche de l’endroit idéal: La femelle sélectionne un trou cylindrique, généralement de 6 à 10 mm de diamètre, située dans un endroit abrité et horizontal pour éviter l’humidité (mars-avril)
2. Nettoyage : Elle nettoie soigneusement la cavité avec sa bouche et ses pattes avant de commencer la construction.
3. Division en cellules : La galerie est divisée en plusieurs loges séparées par des cloisons faites de terre ou d’argile. Ces matériaux sont transportés par la femelle et compactés pour former des parois solides.
4. Ponte et réserve de nourriture : Dans chaque cellule, la femelle dépose une boule de pollen mélangée à du nectar (pâtée pollinique) comme réserve alimentaire, puis pond un œuf dessus.
5. Fermeture du nid : Une fois toutes les cellules aménagées, la femelle obstrue l’entrée principale avec un bouchon d’argile ou de boue pour protéger le nid.

Ce processus se déroule principalement entre mars et juin, période durant laquelle l’osmie cornue est active.

Tout savoir sur les nids d’abeilles.

Où trouve-t-on l’osmie cornue ?

Cette abeille solitaire est présente dans une grande partie de l’Europe, à l’exception des régions les plus nordiques. Voici les principaux endroits où elle peut être trouvée :

• Zones urbaines : Elle s’installe facilement dans les jardins, parcs et espaces verts des villes, notamment grâce aux hôtels à insectes qui lui offrent des sites de ponte adaptés.
• Milieux ruraux : On la trouve également dans les friches, chemins creux et zones agricoles où la végétation est variée.
• Vergers et potagers : Ces lieux sont idéaux pour l’osmie cornue en raison de la présence de nombreuses fleurs précoces qu’elle pollinise, comme celles des arbres fruitiers (pommiers, pruniers). C’est un milieu qu’elle apprécie particulièrement.
• Expansion vers le nord : Bien qu’elle soit principalement une espèce méridionale, son aire de répartition s’étend progressivement vers le nord, probablement en raison du réchauffement climatique. Elle a été détectée au Royaume-Uni pour la première fois il y a quelques années (2017).

L’osmie cornue est donc très adaptable et fréquente autant les zones sauvages que les environnements modifiés par l’homme.

Impacts de l’agriculture intensive sur l’osmie cornue

L’activité agricole intensive a des impacts significatifs sur l’osmie cornue, comme sur d’autres pollinisateurs sauvages. Voici les principaux effets et enjeux liés à cette interaction :

1. Réduction des ressources florales : L’utilisation massive d’herbicides diminue la diversité et la disponibilité des fleurs sauvages, privant les osmies de pollen et de nectar essentiels pour leur alimentation et celle de leurs larves.
2. Exposition aux pesticides : Les osmies, comme d’autres abeilles solitaires, sont particulièrement sensibles aux pesticides, notamment les néonicotinoïdes et les fongicides. Ces substances peuvent provoquer des intoxications directes, des malformations chez les larves ou des effets combinés avec d’autres produits chimiques (effet cocktail).
3. Perte d’habitats : La conversion des habitats naturels en terres agricoles fragmente les écosystèmes et réduit les sites de ponte disponibles pour les osmies, qui dépendent de cavités naturelles ou artificielles pour construire leurs nids.
4. Stress nutritionnel et pathogène : La monoculture limite la diversité florale et augmente le stress nutritionnel pour les pollinisateurs. De plus, la proximité avec des colonies d’abeilles d’apiculture peut accroître l’exposition aux pathogènes (varroa, loque, etc…).

Conséquences pour le secteur agricole

Ces abeilles bâtisseuses sont des pollinisateurs efficaces pour de nombreuses cultures (arbres fruitiers, colza, etc.). Cependant, l’agriculture intensive réduit leur abondance et leur efficacité pollinisatrice, ce qui peut entraîner une baisse ou une variabilité accrue des rendements des cultures dépendantes de la pollinisation.

Comment aider les osmies à mieux vivre ?

• Réduction de la taille des parcelles : Des parcelles plus petites augmentent les bordures favorables aux pollinisateurs. Préserver des zones naturelles dans les jardins.
• Création d’habitats : Installer des hôtels à insectes avec des tiges creuses ou préserver les haies et zones naturelles pour offrir des sites de nidification.
• Diminution des intrants chimiques : Réduire l’utilisation de pesticides et herbicides pour limiter leur impact sur les osmies et autres pollinisateurs sauvages.
• Plantation et semis d’espèces mellifères variées permet de rendre l’écosystème plus résilient et accueillant pour ces insectes.

Préserver ces pollinisateurs est crucial pour garantir la productivité agricole durablement.

Installer un hôtel à insectes dans votre jardin aide à leur protection.

Le rôle essentiel de l’abeille maçonne, osmie cornue, dans la pollinisation

L’osmie se révèle être un pollinisateur unique, particulièrement pour les arbres fruitiers au printemps. Son utilité réside dans a capacité à voler plus de 14 heures par jour et son nid à vrai dire un allié précieux pour les arboriculteurs.

Nous avons observé que ces abeilles orange jaune apprécient particulièrement le pollen de certaines plantes :

• Arbres fruitiers
• Roses
• Trèfles
• Saules

Cette préférence alimentaire, combinée à leur activité qui commence tôt dans la saison, fait de l’osmie un maillon essentiel de la chaîne de pollinisation. D’ailleurs, certains arboriculteurs utilisent intentionnellement ces abeilles pour polliniser leurs vergers, reconnaissant leur efficacité remarquable.

Contrairement à l’abeille commune, l’osmie ne produit pas de miel. Son régime alimentaire se compose exclusivement de pollen et de nectar. Cette spécificité influence directement son comportement de butinage et sa contribution à la pollinisation des plantes.

Préservation et cohabitation avec l’abeille orange et noire

Bien que l’osmie possède un dard, elle est considérée comme inoffensive et ne pique que très rarement. Cette caractéristique dans les faits un insecte avec lequel la cohabitation est facile, même dans nos jardins. En tant que professionnels de la désinsectisation, nous encourageons toujours nos clients à protéger les abeilles, y compris les espèces sauvages comme l’osmie.

Découvrez une autre abeille solitaire et très pacifique: l’abeille charpentière.

En France, on trouve 36 espèces d’osmies. Cette diversité contribue à la richesse de notre faune locale et souligne l’importance de préserver ces excellents pollinisateurs souvent méconnus.

• L’Osmie cornue (Osmia cornuta):
  • C’est l’une des espèces les plus précoces, active dès la fin de l’hiver.
  • Elle est facilement reconnaissable à son corps robuste et poilu, avec deux petites cornes caractéristiques sur la tête.
  • Les mâles ont une touffe de poils blancs sur la face.
• L’Osmie rousse (Osmia bicornis, aussi appelée Osmia rufa):
  • Un peu plus tardive que l’Osmie cornue.
  • Son corps est recouvert de poils roux.
  • Les mâles ont la face à poils blanc cassé, jaune, parfois orangé.
• Osmia spinulosa: Une espèce hélicicole qui utilise parfois des coquilles d’escargots comme site de nidification.
• Osmia emarginata: Présente notamment dans les Pyrénées, elle colonise les fissures rocheuses et est adaptée aux zones montagnardes.
• Autres espèces:
  • Il existe de nombreuses autres espèces d’osmies en France, telles que l’Osmie bicolore (Osmia bicolor), l’Osmie bleue (Osmia caerulescens), et bien d’autres.

Ces abeilles solitaires sont toutes d’excellentes pollinisatrices

Lors de nos formations en désinsectisation « chasseurs de frelons », nous insistons toujours sur l’importance de distinguer les espèces nuisibles (comme le frelon asiatique) des pollinisateurs bénéfiques comme l’osmie. Cette sensibilisation est essentielle pour maintenir l’équilibre de nos écosystèmes tout en assurant la sécurité de nos clients.

L’Osmie : une abeille sauvage à protéger absolument

Au final, ce très bel insecte est un maillon essentiel de notre biodiversité. Sa précocité, son efficacité en tant que pollinisateur et son mode de vie unique en font une espèce fascinante à observer et à protéger. En tant que professionnels de l’environnement, nous avons un rôle notable à jouer dans la sensibilisation du public à l’importance de ces petits insectes pour notre écosystème.

Découvrez notre article détaillé sur l’abeille des sables.

Dernière modification le mars 31, 2025 par Castagné Guillaume